« Cher pape François »
En mars 2015, le Parvis de Québec, un regroupement de chrétiens catholiques romains de Québec, inspirés de l’esprit du Concile Vatican II, envoyait une lettre collective d’appui au pape François pour ses initiatives audacieuses de réforme de la Curie et de l’Église.
En mars 2015, le Parvis de Québec, un regroupement de chrétiens catholiques romains de Québec, inspirés de l’esprit du Concile Vatican II, envoyait une lettre collective d’appui au pape François pour ses initiatives audacieuses de réforme de la Curie et de l’Église. Le 16 avril dernier, les amis du Parvis se sont rassemblés pour fêter cette heureuse initiative qui a réussi à rassembler 2106 signatures. Durant cette soirée, les organisateurs ont cru bon exposer une cinquantaine de commentaires parmi les 1 500 exprimés par les cosignataires. Il semble qu’il y ait une grande soif d’espace pour des prises de parole libres en Église.
Le Parvis se donne justement pour mission d’être un lieu dynamique de prises de parole dans l’Église qui est à Québec. Ils affirment : « Nous inspirant de la Parole de Dieu, nous appuyant sur les textes de Vatican II et dans un esprit de collaboration et de participation, nous voulons favoriser des échanges libres et constructifs sur les défis et les enjeux majeurs qui interpellent l’Église de notre temps. Nous voulons être un lieu de réflexion, de débats, de conscientisation, de discernement, de dialogue/interpellation, de concertation/action en vue d’incarner une présence active et responsable dans une Église peuple de Dieu1. »
« Et puisque l’Église, c’est nous… nous voulons poser un regard critique sur certains défis et enjeux socioreligieux importants de notre milieu. »Voici deux extraits de cette lettre au Pape : « Cher Pape François, notre lettre émerge de la base. Elle exprime la conviction de croyants laïques catholiques et de citoyens ordinaires conscients de former le peuple de Dieu. Nous sommes aussi l’Église et croyons qu’il nous incombe de prendre la parole et d’agir pour que personne ne déforme plus le visage de notre Église, peu importe son statut, ses titres, son rang et ses fonctions2. » Et « nous appuyons vos élans de rajeunissement de l’Église, vos désirs de renouvellement de ses priorités selon l’esprit de Jésus, par exemple, l’appui aux gens des périphéries, la compassion pour toute personne humaine quelle qu’elle soit, l’accueil dans la communion de l’Église des divorcés remariés et des homosexuels, la création d’un climat d’empathie envers ceux qui ont quitté l’Église en colère ou sur la pointe des pieds parce qu’ils n’en pouvaient plus de la voir aux mains de pasteurs éloignés du message de Jésus3. » Les quelques commentaires qui suivent, exprimés lors de la signature d’appui, veulent illustrer les préoccupations des signataires. Ils ont été regroupés par Le Parvis sous cinq catégories : appui personnel, un projet d’Église, quelques attentions en filigrane, un appel et témoignages. Commentaires de cosignataires
- « J’ai eu mal à mon Église pendant plusieurs années, votre élection apporte un vent d’espérance et de renaissance, de retour à la joie de l’Évangile. »
- « L’Église est celle du Christ, et non celle de la Curie romaine. Vatican II a été floué par les phalanges conservatrices et rétrogrades de certaines autorités ecclésiales. »
- « J’appuie de tout cœur la teneur de cette lettre… son but, son argumentaire, le ton qu’elle emploie, sa solidarité, voire sa tendresse à l’égard de François. »
- « Enfin un pasteur qui ramène l’Église dans la radicalité de l’Évangile. »
- « L’Évangile d’abord avec son esprit d’audace, d’ouverture, de renouveau et de compassion. »
- « Que l’Église soit la véritable image du Christ, dépouillée et à l’écoute des pauvres et des marginalisés de ce monde. »
- « Accepter les homosexuels, les hommes et les femmes divorcés et remariés, qu’ils puissent recevoir la communion. »
- « Toute personne du peuple de Dieu porte le visage du Christ et est membre à part entière. »
- « Toutes les institutions de sens ont le devoir de demeurer crédibles pour accomplir leur mission… Pour être crédibles, elles doivent chercher à syntoniser l’Esprit qui souffle dans ce siècle sur les pauvretés de ce siècle. Elles doivent le faire en se détachant même de leurs certitudes accessoires et provisoires des siècles passés. »
- Sur la place de la femme en Église : « Tant et aussi longtemps que les femmes n’ont pas droit aux sept sacrements, qu’elles n’ont aucune voix dans les prises de décision, elles ne sont pas membres à part entière de l’Église. »
- « Je souhaite que, rapidement, les femmes qui le souhaitent et qui émergeraient de leur communauté puissent accéder à tous les ministères de l’Église. C’est quand cette étape, avec celles que vous avez déjà enclenchées, sera mise en branle que nous serons alors partie prenante de cette Église. En attendant, vous nous laissez sur la brèche. » (N.-B. du Parvis : Certains groupes de femmes ont exprimé leur refus de signer la lettre parce que le pape ne semble pas vouloir ouvrir ce dossier.)
- Un témoignage : « François, tu redonnes des ailes à mon appel profond, spirituel et missionnaire, qui a toujours été là, auprès des exclus en quête de dignité (appel tenace malgré les obscurantismes romains de certains purs et durs pharisiens). »