Semeuse d'espérance
Les racinesLucie Brousseau a grandi dans une famille catholique très croyante avec un père « préoccupé des choses de l’âme et qui avait peur d’oublier l’essentiel : la foi et le Seigneur ».
Les racines
Lucie Brousseau a grandi dans une famille catholique très croyante avec un père « préoccupé des choses de l’âme et qui avait peur d’oublier l’essentiel : la foi et le Seigneur ». Il amenait ses enfants à la messe quotidienne et Lucie, qui avait 10 ans, y allait avec grande joie, car elle y trouvait un espace propice à l’intériorité, à la rêverie aussi. Ce qui enracinera chez elle une forte dimension contemplative. D'ailleurs, elle a déjà pensé devenir Clarisse, mais elle avait besoin de la « présence au monde, dimension essentielle de la foi chrétienne », affirme-t-elle, pour son équilibre. « Le chemin de l’Église est d’aller d’abord vers les urgences de notre terre et de nous aider à devenir pleinement humains avec nos sœurs et nos frères qui souffrent. »
Au temps de l’adolescence et pendant quatorze ans, elle partage la spiritualité franciscaine et la vie fraternelle avec les jeunes de la « Fraternité du Tau »1 qui se rencontrent toutes les deux semaines. Ses engagements communautaires dans le quartier Saint-Roch de Québec prendront alors plusieurs visages : soupers et présence aux malades lors de la fête de Noël, spectacles dans les écoles et au mail Saint-Roch « pour apporter une vision d’espérance dans un monde qui en a grandement besoin », dira-t-elle. Elle vivra une expérience marquante au début de la vingtaine en vivant un stage missionnaire de deux mois à Corail, un coin reculé d’Haïti, où elle enseignera le français. Elle y découvre des sœurs et des frères qui vivent la solidarité et l’amour fraternel. Pierre-André Fournier, évêque actuel du diocèse de Rimouski et animateur du groupe à l'époque, mettra le cap sur le « questionnement ensemble » plutôt que les réponses toutes faites. « Tout n’est pas décidé d’avance d’en haut, disait-il, et moi, j’en avais soupé des réponses toutes faites. Les formules toutes faites enlèvent complètement chez moi le désir d’une rencontre avec Dieu. »
L’esprit franciscain
Lucie avoue spontanément qu’elle est franciscaine dans l’âme : « La nature me touche. Je parle de ma sœur l’eau, de ma sœur la terre. C’est là que je sens le plus la présence de Dieu, cette nature qui inspire et m'incite au respect de toute la création. Alors, j’en partage la beauté par mes photos. » Elle a le sens du mystère, mystère des êtres et de la création, mystère de la Présence… qu’on ne peut enfermer dans des mots, des dogmes. Lors d’une célébration œcuménique à l’Université Laval, elle réalise que chaque culture et chaque religion a reçu des dons de lumière. « Le Coran parle du Dieu-Lumière. Je réalisais à nouveau que Dieu ne peut être enfermé dans nos petites boîtes, dans nos pots de peinture. Sinon, nos pots s’entrechoquent. Alors, pourquoi ne pas verser nos couleurs ensemble sur une grande toile? Le Mystère s’approche et se contemple dans le silence, par l’art qui évoque, la poésie… Pour moi, Dieu est une poésie qui a besoin d’espace et de silence. » La lecture, chemin d’intériorité Après avoir travaillé en librairie, elle est maintenant à l'emploi depuis huit ans de la bibliothèque municipale dans le secteur jeunesse. C’est dire que le livre est important dans sa vie. « Un titre à lui seul peut m’ouvrir tout un univers », dit-elle. Elle rêve de faire de la littérature jeunesse, de créer des contes poétiques pour redonner espoir, beauté et liberté aux jeunes, car « dans un monde de distraction et de consommation, le livre, quant à lui, conduit vers notre monde intérieur et ses richesses ». D’où son implication dans le programme La lecture en cadeau de la Fondation pour l’alphabétisation qui offre des livres neufs à des enfants défavorisés. Pour elle, cultiver l’amour de la lecture aide à la réussite scolaire et à l’estime de soi. Elle en fait donc la promotion dans son arrondissement de Charlesbourg. C’est son « outil de jardinage » de la société et de la planète pour éveiller les consciences et susciter l’espérance. La lumière Sa dernière exposition photo, « Portraits d’enfants qui racontent des histoires », a porté sur des visages d’enfants en train de lire ou de raconter leur histoire. « Ils sont lumineux!, dit-elle. La lumière est le thème central de ma vie. C’est mon nom… » et on lui rappelle souvent que ses yeux sont habités de lumière et d’un vert lumineux. « La photographie me permet de refléter la lumière et la beauté de Dieu, visibles dans ce monde. Une question de regard, de contemplation. » « Semeuse de poésie », elle a lancé, il y a 5 ans, une petite entreprise et son site Internet – Carrément poétique – avec un ami, Ghislain Bédard, « un autre fou comme moi, qui partage une vision poétique et solidaire de la vie ». Maman de quatre enfants, aujourd'hui de jeunes adultes de 20 à 26 ans, elle les a encouragés à écouter la petite voix intérieure et elle assure qu’ils sont demeurés connectés à leur cœur. C’est d’ailleurs en famille, avec les douces moitiés des enfants, qu’ils ont vécu le plus beau des Noëls en allant chanter au Centre de détention de Québec le 24 décembre dernier. Lucie est souvent touchée par la souffrance d’autrui. C’est d’ailleurs la grande sensibilité de Jésus envers son entourage, sa lucidité et sa liberté qui la touchent. « Je suis souvent bouleversée comme lui », confie-t-elle. Comme lui, elle essaie de conjuguer, dans sa vie quotidienne, intériorité, contemplation et engagement social, toute semeuse de lumière, de poésie et d’espérance qu'elle est.Dieu est une poésie qui a besoin d’espace et de silence.