Anthony Mansour : homme d’affaires féru d’oecuménisme
« D’emblée, j’ai toujours aimé travailler avec les gens.
« D’emblée, j’ai toujours aimé travailler avec les gens. Je suis animé par les relations avec les gens de tous les milieux, de tout âge, j’ai toujours adoré ça. Mon succès en affaires, c’était grâce à ça... » C’est ce que confie d’entrée de jeu M. Anthony Mansour, un homme d’affaires au parcours impressionnant : il a occupé plusieurs postes importants de gestion au sein de plusieurs grandes entreprises, dont Rubbermaid, Eastman Kodak, American Express et General Electric (où il a été directeur principal pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord). Depuis août dernier, il est le nouveau directeur du Centre canadien d’œcuménisme (CCO). Avec une expérience aussi vaste, et sa formation en administration des affaires, on peut se demander ce qui a pu l’amener à s’intéresser à cette question...
Le 19 novembre dernier, M. Mansour a aussi été ordonné diacre à l’église orthodoxe du Signe de la Théotokos. Cet engagement de longue haleine dans sa communauté ne l’a pas empêché de développer des liens avec différentes Églises. « Je me suis toujours impliqué comme bénévole pour différents services communautaires, j’ai organisé des collectes de fonds pour différentes causes ou Églises. Ça a commencé quand j’étais aux États-Unis, quand je faisais partie des Toastmasters. Une des dames du groupe m’a dit qu’elle faisait partie d’un groupe de personnes de différentes confessions chrétiennes qui se réunissaient pour faire des études bibliques. Elle m’a invité à venir leur parler. Ça a fait boule de neige. J’ai reçu plein d’autres invitations d’Églises ensuite. C’est arrivé par hasard plus qu’autre chose. » Puis, il a eu cette offre : « Le père Beaubien1 m’a appelé. "Je pense qu’ils ont besoin de quelqu’un comme toi au centre", a-t-il dit. Ça m’a tout de suite intéressé. »
Le CCO a pour objectif de faciliter la compréhension et la collaboration entre croyants de diverses traditions chrétiennes, et ce, à la grandeur du pays. Et monsieur Mansour a vraiment à cœur cette mission : « C’est important que les chrétiens non seulement se parlent mais travaillent ensemble. [...] Soit pour des actions sociales, sur telle politique, soit pour prendre position à propos de l’environnement, par exemple. C’est quelque chose qui touche tous les chrétiens. C’est plus que de se réunir une fois par année pour faire une prière durant la Semaine pour l’unité des chrétiens. »
Une vision concrète
Anthony Mansour tient à revoir la conception traditionnelle qu’on peut avoir de l’œcuménisme. Il en propose une vision plus concrète : « Dans le passé, beaucoup a été fait en terme de dialogue entre différentes Églises. C’était souvent un exercice académique, avec des théologiens, un peu débranché du quotidien des gens. Nous, on essaie de faire pas seulement des discours mais des choses pratiques. L’Église catholique de Montréal nous a contactés au mois de novembre. Ils ont fait une série d’ateliers, dont un sur l’œcuménisme. Ils m’ont demandé de parler. J’ai dit que j’avais quelque chose de plus excitant à leur proposer. Nous avons trouvé quinze leaders de différentes Églises, pasteurs baptistes, prêtres anglicans, etc. On a divisé la foule en petits groupes et on a associé ceux-ci à chacun des leaders. Il y a avait quatre questions à débattre. Au début c’était un peu froid, mais après deux minutes, l’atmosphère a complètement changé. Au bout de deux heures, il a fallu intervenir pour arrêter les ateliers! Les gens ont adoré ça. Ils ont dit : "C’est la première fois qu’on s’assoit avec un représentant d’une autre Église. On comprend mieux leur point de vue!" Ils venaient de pratiquer l’œcuménisme. »
« Souvent les gens pensent qu’œcuménisme veut dire diminuer sa foi, prendre les points en commun et laisser le restant, renchérit M. Mansour. Nous, on dit : non, tu conserves 100 % de ton identité, de ta tradition. On ne dit pas de changer, de diluer les choses, mais plutôt qu’on peut faire beaucoup ensemble. [...] On voit, avec la mondialisation, dans les médias et aussi dans les grandes métropoles, la mise en évidence d’autres religions que la religion chrétienne. C’est plus important qu’avant que les chrétiens prennent position sur des questions comme l’environnement ou la violence. On pourrait se mettre d’accord et faire des choses ensemble pour avoir une voix commune. »
Une manière de vivre
« L’œcuménisme, c’est un esprit, une mentalité, une manière de vivre », reprend M. Mansour. Plus qu’un concept, la fraternité entre chrétiens peut se vivre tout au long de l’année, par le moyen de gestes concrets : « Les gens devraient essayer de faire quelque chose. Leur paroisse peut s’associer à une paroisse d’une autre confession pour faire des activités ensemble. Commencer avec quelque chose qui n’est pas menaçant. Une vente de garage combinée, par exemple. En mettant nos efforts en commun, on a plus d’articles à vendre! Plus de tables réunies attire plus de gens. C’est très concret. On peut peut-être faire une prière en commun au début. Et l’activité peut être suivie d’une réception en soirée. C’est un "win-win" : tout le monde y gagne des deux côtés. Une autre manière : on a un problème, on veut faire une action sociale, comme nettoyer nos parcs. Devant nos églises, il y a un parc en commun. Alors on organise un nettoyage ensemble... suivi par un barbecue ou un party hot dogs. Et des gens de tout âge peuvent y participer, jeunes et moins jeunes. Différents chrétiens font des choses ensemble, et ça rapproche les gens. »
Un service pour tous et toutes
En ce début d’année, le directeur fait un souhait aux croyants de toute tradition : « Soyez ouverts. [C’est aussi le thème de la Semaine de l’unité, qui aura lieu du 21 au 28 janvier, au Québec.] Pour la paix, il faut avoir un regard ouvert. C’est important. » Et il ajoute, tout aussi enthousiaste, comme un autre souhait pour l’année : « S’il y a des groupes qui veulent que j’aille leur parler, animer quelque chose, je peux me déplacer. Ça ne coûte rien pour eux. Le centre peut offrir ce service, n’hésitez pas. »