Le « nouveau » CPRF fête 35 ans d’écoute et de solidarité
Temps de bilans, de transformations et de projets d’avenir, les grands anniversaires sont des sortes de rituels de passage.
Temps de bilans, de transformations et de projets d’avenir, les grands anniversaires sont des sortes de rituels de passage. Fondé en 1970 afin de former et de soutenir les prêtres ouvriers, le Centre de pastorale en milieu ouvrier (CPMO) de Montréal en est à sa 35e année d’existence. S’il s’agit pour l’organisme, et pour tout son réseau, d’une occasion de faire mémoire, 2006 est aussi une année où il doit apprendre à assumer le changement : le CPMO devient le Carrefour de participation, ressourcement et formation (CPRF). « Les premières fois où il a été question de changer de nom remontent à 1978 », souligne Louise Lafortune, responsable des activités du 35e anniversaire. « Après avoir été mise sur la glace plusieurs années, la question est revenue, depuis quatre ou cinq ans, à l’ordre du jour, et nous avons tenu à ce que cette réflexion-là aboutisse pour l’occasion. »
Une histoire de passages?
Que ce changement ait lieu en ce moment précis n’est pas une coïncidence ni ne représente un rafraîchissement de façade. « Depuis quelque temps, on sentait bien que notre nom n’était plus adapté à ce que l’on fait ni à la réalité québécoise, tant en ce qui concerne la dimension pastorale que la notion de mouvement ouvrier », ajoute Louise Lafortune. Ce changement se situe dans un désir d’être en relation avec son temps, désir qui a été présent tout au long de l’histoire du CPRF. Juste après sa fondation, devant l’essoufflement du mouvement des prêtres ouvriers, l’organisme tisse des liens avec les mouvements d’action catholique et s’oriente pour répondre à leur besoin de formation tout en travaillant au développement d’une « Église populaire » moins institutionnelle et plus communautaire.
Dans les années 1980 et 1990, en plein essor de l’action communautaire et du mouvement féministe, le CPRF a su saisir les besoins de ces milieux et s’enraciner en poursuivant sa mission de formation populaire en offrant différentes sessions, notamment de ressourcement. Il y a donc eu un passage, « en douceur », précise Louise Lafortune, des milieux explicitement chrétiens aux milieux communautaires tout en conservant cette préoccupation pour les enjeux de sens et de souffle de l’engagement social. Selon Mme Lafortune, « aujourd’hui, ce sont principalement des groupes de la société civile et des groupes communautaires qui demandent nos sessions de formation ».
Dire autrement les besoins spirituels?
Le CPRF a entrepris d’accompagner, d’une certaine façon, les « ruptures tranquilles » de la Révolution tranquille, la majorité des Québécois prenant alors leurs distances avec l’institution catholique. Si l’engagement social s’est laïcisé, au même titre que la santé et l’éducation, les quêtes de sens et les besoins spirituels des personnes engagées n’ont pas été évacués pour autant, comme l’a mis en lumière la tournée nationale sur le sens de l’engagement social menée par le CPRF. Au contraire, les gens peuvent se sentir isolés, sans trouver ni le temps ni l’espace pour aborder ces dimensions. En ce sens, le CPRF a développé une spiritualité de l’engagement, « qui essaie de s’adapter à la manière dont les militants et militantes la vivent. On parle de valeurs, de souffle, et on utilise des mots qui réfèrent à la tradition catholique, mais ces références sont utilisées de manière inclusive, et ça passe très bien. Dans le fond, les militants et militantes ont besoin de nourrir ce en quoi ils croient à travers leur engagement social, et nous voulons le faire à partir de leur manière à eux de nommer cette dimension et en les aidant parfois à la nommer », affirme Louise Lafortune.
« Ça nous touche, on bouge! » Tel est le nom du programme d’activités mis sur pied pour le 35e anniversaire. En plus d’une soirée « mouvance sociale » en mars (voir rubrique Agenda), le CPRF propose une démarche d’une journée, portant sur le souffle qui anime les personnes engagées et sur le sens de leur engagement, dans six régions du Québec. Le CPRF, par ses deux volets d’activités (formation et rassemblement), veut ainsi donner profondeur et perspective à ceux et celles qui consacrent une partie de leur vie au service de la justice et de la solidarité.