Prières et couleurs
La fin de semaine s’ouvre le plus souvent sur un concerto.
La fin de semaine s’ouvre le plus souvent sur un concerto. Les participantes et participants sont à leur chevalet. Ils crayonnent au rythme de la musique. Ils se laissent emporter par le mouvement de l’œuvre musicale... Savent-ils peindre? Pas nécessairement. Le savoir artistique n’est pas une condition pour vivre cette fin de semaine « Prières et couleurs » animée par Linda-Pierre Bélanger de Chicoutimi. Elle explique : « Imagine! Il y a des musiques allant du classique sacré jusqu’à des musiques de toutes sortes. Dès le premier soir, il faut commencer par libérer ce dont on est plein dans notre tête, ce qui nous occupe ou nous préoccupe. Pendant que tu écoutes la musique, que tu entends les sons, que tu es occupé à suivre avec tes crayons, tu n’es pas capable de penser, ce qui laisse de la place et de l’espace intérieur. Ça libère les entraves en laissant sortir ce qui nous empêcherait de vivre pleinement la session. »
Linda-Pierre Bélanger est artiste-peintre. Son site Internet intitulé « Quand L’art devient lumière de résurrection » présente quelques-unes de ses œuvres. Depuis le mois de juillet 2000, elle donne des sessions « Prières et couleurs » pour des personnes de milieux et d’âges différents. Elle dit : « Des fois aussi, des personnes sont en quête, en recherche et me posent des questions. Je leur dis : "Tu vas entendre parler de Dieu, de Jésus, de l’Esprit Saint. Si tu es à l’aise avec cela, tu peux venir." Ils sont à l’aise avec cela. Même des personnes qui se disent athées se sentent bien dans Prières et couleurs. Elles ne se sentent pas agressées. »
« Prières et couleurs », c’est « la poésie du bon Dieu », c’est l’accueil de grands invités qui arrivent pour « toucher l’art sacré en soi ». L’accueil est très, très important. Linda-Pierre disait à une cuisinière : « Que tu rates ton souper, ça va passer, mais que tu rates ton accueil, ça ne passera pas. L’accueil, c’est primordial. » Elle ajoute : « Quand tu es en création, tu es fragile... Ça prend vraiment de la ouate autour de toi. Il faut que tout soit beau. Que la table soit belle, que les lieux soient beaux. Que les personnes qui viennent se sentent attendues. Attendues vraiment par le Père. Qu’elles aient vraiment la première place au banquet intérieur. »
« Prières et couleurs », c’est l’art sous toutes ses formes : l’argile, la peinture, l’acrylique, l’aquarelle, les matières, le collage, la danse, le mouvement... pratiqués dans le creuset de la prière et de l’Évangile. Simplement répéter doucement une phrase ou un mot de l’Évangile permet d’entrer dans l’expérience artistique sans que ce soit l’œuvre qui prenne la première place. Il faut vraiment que ce soit Dieu qui passe à travers l’expérience, que ce soit lui qui inspire, sous le Souffle de l’Esprit Saint. L’idée n’est pas de faire une œuvre, mais de laisser venir ce qui vient, comme cela vient, dans un état de prière. C’est de faire de l’espace dans un temps d’être. Linda-Pierre Bélanger dit : « Des fois, il faut travailler davantage au temps d’être, faire de cet espace-là un lieu tranquille. J’ai vu des gens dans un grand deuil. Il n’y avait alors même plus de place au repos de l’esprit, de l’intelligence. Intellectuellement, les idées tournaient tout le temps autour de l’histoire du drame. L’écoute du concerto permettait de dépasser un peu ces remous pour laisser passer un peu de paix intérieure et, ensuite, vraiment libérer l’œuvre, en arriver à une petite boussole de vie. Chaque œuvre est une expression, un langage qui dit quelque chose de la vie. C’est la vie de la personne qui va se dire, révéler ce qui pousse de bon intérieurement. » Puis, elle affirme : « Ce qui m’intéresse, c’est l’œuvre d’art cachée dans chaque personne, ce pour quoi elles ont été créées. Il suffit d’être à l’affût de la lumière de ses beautés, et non de l’ombre de ses défauts. Le Créateur a déposé une œuvre d’art en chacun de nous, à l’image du Plus-grand-des-Artistes. Et ça m’intéresse de les aider à découvrir cette œuvre précieuse. Juste libérer les mouvements intérieurs et extérieurs. Au Québec, on n’est pas habitués de bouger, de s’exprimer par la prière, la danse, le mouvement. Faire juste l’expérience d’accueillir son petit bout de toile, son petit carré ou son petit morceau d’argile, ce n’est pas rien, c’est déjà une étape en soi. En accueillant cela, c’est eux-mêmes qu’ils accueillent. »
Au terme de la fin de semaine, chaque personne repart avec son trésor : quelque chose d’elle-même qu’elle a mieux connu, et ce, inspiré par la grâce.