Une femme en tenue de service
Sainte-Luce-sur-Mer. Environ 2 000 habitants. Depuis quelques années, manque de prêtre oblige, on y célèbre des Assemblées dominicales en attente de célébration eucharistique (ADACE). Le canevas est bien établi, ritualisé. L’assemblée peut suivre le déroulement dans le Prions en Église. Jusque-là, rien de bien neuf par rapport à ce qui se vit de plus en plus dans bien des milieux.Une histoire toute simpleMme Yvonne Chrétien anime ces célébrations une fois par mois.
Sainte-Luce-sur-Mer. Environ 2 000 habitants. Depuis quelques années, manque de prêtre oblige, on y célèbre des Assemblées dominicales en attente de célébration eucharistique (ADACE). Le canevas est bien établi, ritualisé. L’assemblée peut suivre le déroulement dans le Prions en Église. Jusque-là, rien de bien neuf par rapport à ce qui se vit de plus en plus dans bien des milieux.
Une histoire toute simple
Mme Yvonne Chrétien anime ces célébrations une fois par mois. Elle ne réinvente pas le monde. Elle met plutôt le Souffle saint qui l’habite au service de la prière. Elle a été missionnaire au Honduras. Mariée depuis une trentaine d’années, elle a exercé sa profession dans le monde de l’éducation. Retraitée en 1997, ses premiers pas de bénévolat ecclésial consistent à faire la lecture le dimanche. Elle prépare ensuite des jeunes aux premiers sacrements, puis devient responsable du volet « présence de l’Église dans le milieu ». Elle connaît bien son monde! Elle affectionne particulièrement les malades, les appauvris, les jeunes, les esseulés, les personnes âgées. Aux moments forts de l’année liturgique, elle prépare des gestuelles liturgiques avec six adolescentes. Et un jour, elle dit oui au diacre de la paroisse qui lui demande de présider des célébrations de la Parole, ce qu’elle avait déjà fait au Honduras.
Un va-et-vient constant entre l’animatrice et l’assemblée
Aujourd’hui, quand on lui demande ce qui lui est particulier dans ce service, elle répond sans hésiter : « Je parle au monde. Quand je prie, je le fais pour que chaque personne de l’assemblée soit partie prenante de cette prière. Pour aller chercher les personnes, il faut un débit, un rythme, une attitude particulière. Il ne faut jamais oublier que l’assemblée est là. Et puis, je raconte. Je rends simple ce qui paraît compliqué, par exemple la Dédicace des églises. On a appris ces choses, mais on ne les sait plus. » Elle prépare minutieusement l’homélie qui ne dépassera jamais cinq minutes. Celle-ci est toujours parlée, et non lue. Ce qui est présenté aux personnes doit absolument être communiqué pour que le contenu leur parle à elles. Aussi, pour Mme Chrétien, l’assemblée n’est pas seulement le rassemblement dans l’église. Elle affirme : « Je suis attentive aux personnes dans les rencontres en dehors des célébrations. Je me fais proche. »
Une lucidité sur la situation ecclésiale
Des situations l’interpellent, notamment la relève. Au début, il y avait un diacre et trois femmes pour présider ces célébrations. Les deux autres femmes ont quitté et n’ont pas été remplacées. « Préparer la relève est difficile, dit-elle. Il y a un réel effort d’accueil à faire à la suite de Jésus qui a invité des gens qui n’étaient pas parfaits. » Inévitablement, quand on sollicite des personnes, on rencontre des objections : un tel n’est pas aimé de tel groupe, un autre est comme ceci, une autre comme cela... « Finalement, à force de se fier à ce que les gens disent, on n’a personne. Si des gens, hommes ou femmes, veulent rendre ce service à la communauté, pourquoi ne pas les accueillir? », se demande-t-elle.
La place des femmes dans l’Église la préoccupe aussi. Depuis toutes ces années, elle n’a reçu aucun commentaire négatif en lien avec le fait qu’une femme préside une ADACE. Outre quelques rares personnes qui ne viennent plus, il n’y a pas eu de diminution de l’assistance. On a même élargi ces célébrations à la période de l’été où, auparavant, en raison de la grande affluence touristique, on offrait l’Eucharistie tous les dimanches. Maintenant, il y a aussi des célébrations de la Parole, et c’est bien accueilli. On lui confie parfois : « Un homme ou une femme, ça ne me dérange pas. » Cependant, pour ces célébrations, la règle liturgique exige qu’elle ne soit pas assise au siège présidentiel, comme les prêtres et le diacre. Une fois cependant, sur la suggestion de quelques personnes, elle s’y est assise. Les commentaires qu’elle a reçus de l’assemblée allaient en ce sens : « Tu as bien fait, c’est ta place. » Mais du côté plus « officiel », on lui a précisé qu’elle ferait mieux de revenir à sa place...
Évidemment, son engagement soulève une question : doit-on privilégier des célébrations avec communion ou sans? Actuellement, à la paroisse, on inclut la communion à l’intérieur des ADACE. On parle de l’enlever pour laisser toute la place à la table de la Parole. Les gens âgés à qui on a enseigné l’immense valeur de la communion ne comprennent pas. Madame Chrétien confie : « Il faudra que je me positionne si une directive semblable arrive. Ce serait incompréhensible pour les gens et... pour moi. » Dans la foulée, elle soulève une question pertinente : « Qu’est-ce qui est de l’Esprit et qui possède l’Esprit? »