Une seule maison... plusieurs « clochers »
« De la route, nous avons aperçu cette étrange toiture.
« De la route, nous avons aperçu cette étrange toiture. Nous nous sommes demandé ce qu’il y avait ici et nous sommes venus voir! » Au Versant-La-Noël, on entend ce genre de phrase plusieurs fois par semaine. Le Pavillon œcuménique et interreligieux étonne et interpelle. Que font sur un même toit des clochers de traditions protestante, anglicane et catholique romaine, deux dômes orthodoxes et un minaret musulman auxquels se joindra bientôt l’étoile de David?
L’intuition d’un homme
En 1996, Robert Lebel1 contemple la montagne en face de chez lui. Une image s’impose à celui qui a été élevé dans une maison plantée entre deux temples de dénominations chrétiennes différentes : il entrevoit un sanctuaire aux dimensions modestes, des clochers particuliers illustrant diverses traditions de croyants, une crypte obscure, une chapelle tout illuminée2. Il rêve d’un endroit de recueillement, de prière et de silence où seraient bienvenus tout homme et toute femme désirant laisser jaillir de son cœur l’élan qui le pousse vers Dieu.
Le projet d’une équipe
Il partage ce rêve avec quatre personnes. Jeannine Pomerleau raconte : « C’était son projet de faire une très, très petite chapelle dans un cadre œcuménique. » Robert Lebel ajoute : « Au Versant-La- Noël3, le mot œcuménisme est utilisé au sens large du mot, c’est-à-dire universel. Il englobe désormais non seulement l’unité des chrétiens et chrétiennes, mais aussi l’unité des croyants et croyantes. » Mais cette idée première a dû être mise sur la glace « parce qu’il y a eu des bois dans les roues de toutes sortes de côtés », de dire Lucille Fugère.
La réalisation d’une communauté
On construira d’abord un pavillon destiné au ressourcement et à l’animation à caractère œcuménique. Le projet mobilise le village de Pontbriand. Des milliers d’heures de bénévolat sont offertes. Des dons de toutes sortes arrivent. Par le biais de cette mobilisation, la mission incontournable du Versant-La-Noël – témoigner de l’unité – se pratique déjà.
En 2006, des circonstances favorables permettent la construction du sanctuaire plus souvent appelé : Pavillon œcuménique et interreligieux destiné à l’unité et à la prière du cœur universel. Le volet œcuménique chrétien se met d’abord en place. Les pasteurs des sept dénominations chrétiennes de la région se rencontrent une fois par mois autour d’un texte biblique. Chacun et chacune lit une phrase tirée de la traduction utilisée dans sa dénomination. Ensuite, on partage, on prie ensemble et, incontournable rituel de communion, on mange ensemble. Ponctuellement, des célébrations communes sont organisées. Elles se vivent au rez-de-chaussée du Pavillon, lieu illuminé, de couleurs vives, incitant à entrer dans le mouvement de Résurrection. Une question revient souvent : « Comment des évangéliques et des catholiques romains arrivent-ils à se rencontrer et à prier ensemble? » Le pasteur de la communauté évangélique répond : « Pour le moment, nous n’abordons pas ce qui nous divise ou ce qui est trop sensible. Nous apprenons à nous aimer les uns les autres. C’est seulement quand nous serons réellement amis que nous pourrons nous parler en vérité de ce qui est plus difficile. »
Versant-La-Noël est d’abord un lieu de recherche de convivialité. L’accent est mis sur l’émerveillement devant ce qu’est chaque personne, sur ce qui unit, sur ce qu’on peut construire ensemble. Petit à petit, la population fréquente d’autres convictions. Ça crée une ouverture, un mouvement de tolérance, de respect et de confiance très important.
Le volet interreligieux monothéiste en est à ses balbutiements. Des liens se tissent avec des immigrantes et immigrants musulmans arrivés dans la région. Ils ont accepté avec joie l’offre d’installer leur lieu de prière au sous-sol de l’édifice, sous le minaret, dans la Crypte des enfants de Rachel destinée principalement à la prière de supplication pour toute souffrance qui touche l’être humain. Depuis l’automne, quelques fêtes musulmanes y ont été célébrées. L’installation d’un chandelier porteur des symboles des traditions monothéistes – étoile de David, croix et croissant – a été l’occasion d’un moment de prière islamo-chrétien.
L’équipe du Versant-La-Noël espère et souhaite la venue de personnes de religion juive souhaitant faire grandir ce mouvement de paix. Car, comme le disait cette jeune musulmane à l’une des membres de l’équipe du Versant-La- Noël : « Tu as ta lumière en toi, j’ai ma lumière en moi. Il faut les porter fièrement ensemble. Elles feront une plus grande lumière! »