La richesse de l’oecuménisme chrétien au ROJeP
Il existe de très nombreux groupes chrétiens qui se consacrent aux enjeux sociaux, et leur mission les occupe pleinement.
Il existe de très nombreux groupes chrétiens qui se consacrent aux enjeux sociaux, et leur mission les occupe pleinement. Pourquoi certains ont-ils ajouté un niveau supplémentaire d’organisation en fondant et joignant le ROJeP, le Réseau œcuménique justice et paix?
Dans les pas du Jubilé
Le président actuel du ROJeP, M. Jean Bellefeuille, a expliqué à Sdf.info comment est né ce qui est le premier réseau œcuménique francophone d’organismes chrétiens à vocation communautaire au Québec. À l’époque, des associations de la province collaboraient à l’organisation d’activités autour du Jubilé qui approchait, et avec l’ALÉNA qui avait été signé peu de temps auparavant, les forces rassembleuses traversaient toutes les Amériques.
Dès la fin du Jubilé, le désir de poursuivre conjointement le travail pour la justice, la paix et le respect de la création s’est exprimé. D’autant plus que Kairos, un réseau œcuménique canadien-anglais, évoqua alors la pertinence d’avoir un homologue francophone au Québec. La conjoncture était là pour favoriser la formation du ROJeP, qui entretient depuis des solidarités avec des réseaux canadiens, sud-américains et africains.
« Facettes d’une même réalité »
Les organismes membres du ROJeP enracinent tous leur action dans le message de l’Évangile. Ils partagent une quête de justice et de paix, paix à établir aussi avec la création dont l’humanité dépend entièrement. L’articulation serrée entre ces trois facettes est encore plus d’actualité aujourd’hui parce que, malheureusement, les injustices humaines passent maintenant par l’environnement : « Le respect de la création, c’est aussi une question de justice auprès des gens auxquels on fait subir des dommages environnementaux souvent irréversibles. »
Cette philosophie unique colore le thème d’une campagne nationale proposée par Kairos et à laquelle le ROJeP compte adhérer, soit celui des énergies fossiles. Pétrole et christianisme? « C’est surtout ça qui est en train de détruire la planète, […] les motivations chrétiennes pour s’y engager sont évidentes », étaie M. Bellefeuille avec l’exemple des processus destructeurs consentis pour exploiter les sables bitumineux de l’Alberta.
Activités et ressourcements
Le ROJeP détermine son programme annuel en assemblée générale à partir de ce qui interpelle les membres. Ainsi, le Réseau s’est récemment engagé auprès du collectif Échec à la guerre, contre les guerres en Irak et en Afghanistan. Le 26 janvier prochain, il participera à l’événement « La neige brûle » pour défendre nos droits collectifs. Il y a deux ans, il a coorganisé une grande célébration œcuménique et interreligieuse pour le protocole de Kyoto à l’oratoire Saint-Joseph.
L’implication du ROJeP, politique sans être partisane, prend aussi la forme de véritables outils pédagogiques : des membres ont concocté des flashs bibliques qui portent sur le choix d’un gouvernement, l’exclusion sociale, le bouclier antimissile... Ces démarches, qui illustrent l’ambition du ROJeP de développer une réflexion de qualité et des interventions riches de la variété des gens qui y contribuent, sont disponibles en ligne.
Le Réseau propose enfin du ressourcement à ses membres, comme l’originale retraite écologique : au Chalet de la Montagne, les participants qui avaient envie de vivre un moment de recueillement sur l’environnement s’y sont adonnés dans la nature du mont Royal. Une autre fois, ils ont pu voir un sketch mettant en scène deux patriarches de l’Ancien Testament venus partager leurs observations sur le monde d’aujourd’hui! Ainsi, les énergies pour agir sont prises à même la Bible, mais sous une variété de formes.
Poursuivre la route ensemble
Interrogé sur la réalité œcuménique du Réseau, M. Bellefeuille répond : « Quand on est sur le terrain de la justice, de la paix et de l’environnement, il y a beaucoup de parenté »; tout au plus surgissent des étonnements quant à la réalité ecclésiale des uns et des autres. Et si le mouvement fonctionne avec d’humbles moyens pour coordonner tant d’organismes, il tire cependant son succès des différences qu’il unit : « La qualité des échanges qu’on a, les témoignages de vie, d’engagement des gens des différentes Églises, c’est motivant. »