La grâce de se laisser déranger
Le lundi 12 novembre dernier, Jean Robillard, « un vieux prêtre de 76 ans » comme il se décrit lui-même, publiait dans le journal Le Soleil une lettre ouverte adressée à Mgr Ouellet dans laquelle il exprimait son malaise.
Le lundi 12 novembre dernier, Jean Robillard, « un vieux prêtre de 76 ans » comme il se décrit lui-même, publiait dans le journal Le Soleil une lettre ouverte adressée à Mgr Ouellet dans laquelle il exprimait son malaise. Le prêtre du diocèse de Montréal réagissait ainsi publiquement à l’intervention tout aussi publique du célèbre cardinal de Québec à la Commission Bouchard-Taylor où il en avait appelé à une nouvelle évangélisation du Québec, notamment par le maintien des cours de catéchèse à l’école.
Dans sa réflexion, M. Robillard questionne d’abord la prise de parole de Mgr Ouellet dans le cadre des forums de la Commission, lui qui n’a pourtant pas besoin de cette tribune en plus de celle dont il jouit déjà à titre de prélat de l’Église. Mais surtout, c’est la teneur des propos et la couleur de l’attitude du Cardinal que M. Robillard commente. Il déplore l’arrogance dépourvue de tout doute d’un Mgr Ouellet critiquant la façon dont le Québec vit son baptême; selon l’auteur de la lettre, l’Église devrait plutôt se demander ce qu’elle, elle a fait de ses baptisés... Il déplore le manque de solidarité qui caractérise le Cardinal lorsqu’il énonce haut et fort ses idées sans tenir compte de ses autres collègues évêques du Québec qui divergent souvent d’opinion avec lui.
M. Jean Robillard témoigne enfin des « agréables dérangeurs » qui ont ponctué sa vie, le faisant grandir et cheminer vers une vérité qu’il n’a plus la prétention d’enseigner, mais de chercher, simplement. De la même manière, il croit plus en une Église qui insiste sur l’Évangile comme « message d’amour à répandre dans le monde », et non pas comme « code de doctrine », tel que Mgr Ouellet semble le préconiser. Citant saint Paul, le prêtre constate que si le Cardinal parle facilement à contretemps, il parvient moins bien à parler à temps... Peut-être Monseigneur a-t-il besoin d’« agréables dérangeurs » pour lui redonner la cadence?