Des initiatives sociales inspirées
Un premier forum social québécoisS’inscrivant directement dans la foulée des forums sociaux mondiaux nés à Porto Alegre, et ayant été précédé de forums sociaux régionaux, le premier Forum social québécois s’est tenu à Montréal du 23 au 26 août dernier.
Un premier forum social québécois
S’inscrivant directement dans la foulée des forums sociaux mondiaux nés à Porto Alegre, et ayant été précédé de forums sociaux régionaux, le premier Forum social québécois s’est tenu à Montréal du 23 au 26 août dernier. Pendant trois journées bien remplies, les participants ont pu assister à des fêtes, à des regroupements et à des ateliers autoprogrammés, animés par des organismes volontaires qui voulaient profiter de cette tribune privilégiée pour partager leurs initiatives. Car l’objectif principal du Forum était de permettre le réseautage entre les mouvements engagés traversant parfois de façon isolée une réalité qui rime pour certains avec précarité.
Mais qu’est-ce qu’un forum social? Ce n’est pas un organisme ni une franchise internationale, mais un espace d’expression, ouvert au tout possible et non partisan, sinon pour la justice et la dignité humaines. Son esprit est de laisser la parole aux groupes qui œuvrent à construire une société solidaire, une alternative au système capitaliste néolibéral actuel. C’est l’esprit qu’ont en commun tous les forums sociaux du monde.
« Éthique, spiritualité et religions »
Or, pour qui préjugeait que les Québécois impliqués socialement se cantonnaient plutôt dans la laïcité et reléguaient de la même manière leur démarche spirituelle à la sphère privée, le Forum québécois réservait une surprise : comme d’autres forums laissaient place à l’expression de la foi, il consacrait, lui, un axe d’ateliers complet aux aspects éthique, spirituel et religieux dans l’engagement social – à côté d’autres thèmes politiques, écologiques ou économiques…
Jean-Pascal Sarthou, un des organisateurs qui travaillaient depuis plusieurs mois à préparer le Forum, a expliqué à Sentiersdefoi.info que l’inclusion de cet axe dans la programmation est presque allée de soi, puisque beaucoup de personnes engagées socialement le sont au nom de leur foi, foi qui agit aussi, par ailleurs, comme carburant pour poursuivre l’action de jour en jour. En fait, si une réserve a été formulée quant à la mise en place de l’axe « éthique, spiritualité et religions », c’est que près du tiers des organismes présentant des ateliers, tout thème confondu, s’enracinait déjà dans un héritage religieux. Mais comme la responsabilité de cocréer sa vie est reconnue à chacun, c’est en toute liberté qu’on a décidé d’ouvrir un espace à ceux et à celles qui avaient envie de parler, eux, de leur spiritualité dans leur quête d’une société alternative.
Souffle chrétien
Des organisations d’horizons variés ont donc pris possession de cet espace. Dans leur présentation intitulée « Souffle partagé au cœur de l’engagement social », le CPRF et le CAPMO ont livré les résultats de la recherche qu’ils ont menée sur ce qui motive les gens à s’impliquer : valeurs, appartenance à un groupe, histoire collective, projet de société, processus transformateur, toutes ces variables interagissent chez la personne engagée. Brian McDonough, de l’archidiocèse de Montréal, a parlé d’une façon convaincante du « trésor mal connu de l’inspiration sociale de l’Église catholique », exposant la doctrine telle qu’elle apparaît dans le volumineux ouvrage Compendium de la pensée sociale de l’Église (2004). Et pendant que le CETECQ proposait un exercice original de recréation du concept de création à partir de la Genèse, la collective L’Autre parole donnait à vivre un atelier tout aussi singulier de réécriture féministe de passages bibliques. Quant aux Journées sociales du Québec, elles se sont explicitement penchées sur le discernement du spirituel au cœur des pratiques sociales.
Pour cette première édition, ce sont d’abord des groupes chrétiens qui ont répondu à l’appel « spirituel », mais ce qu’on a surtout envie de retenir est que de nombreuses actions pour améliorer notre monde sont portées par un esprit qu’elles portent à leur tour, et qu’elles sont loin de montrer des signes d’essoufflement!