Nous redevenons des nomades
En ces temps incertains où semblent s’écrouler les institutions – celles qui sont soutenues par les traditions comme celles qui répondent des logiques de marché – les humains que nous sommes redeviennent de plus en plus nomades.
En ces temps incertains où semblent s’écrouler les institutions – celles qui sont soutenues par les traditions comme celles qui répondent des logiques de marché – les humains que nous sommes redeviennent de plus en plus nomades. À la manière des peuples du désert, il leur faut alors trouver des puits où étancher, pour un temps, leurs soifs spirituelles, des pâturages où partager leurs quêtes de sens, des solidarités susceptibles de soutenir leurs labeurs. Dans ce contexte, la foi se présente moins souvent comme un corps de doctrines et de certitudes que comme un ensemble d’actes, d’espoirs à partager, de risques à prendre, avec la vie et avec les autres. Bref, comme une marche, un pas-à-pas sans cesse à recommencer.
Les sentiers ne sont pas des autoroutes. Sinuant le plus souvent dans les broussailles, explorant des territoires mal défrichés, ils sont réfractaires à la turbopropulsion. Ils appellent à des pauses et à des remises en question. Mais s’ils exigent prudence et pondération, ils font aussi découvrir des espaces où il fait bon fleurer l’odeur de la vie, chanter la fraîcheur des matins lumineux et s’extasier devant les fleurs, fragiles mais toujours somptueuses, qui tendent la tête vers le soleil. Comme elles, sur les sentiers, le marcheur est un être debout.