Le monde comme un jeu de couleurs
J’ai vu le monde – qu’on dit mondialisé et uniformisé – comme un jeu de couleurs si diverses qu’il était « Un » dans la lumière, « Un » parce que divers, « Un » comme un tableau, une grande mosaïque où chaque petit caillou dans sa nature propre, vernissé ou opaque, de granit ou de verre, était respecté et avait bien sa place.
J’ai vu le monde – qu’on dit mondialisé et uniformisé – comme un jeu de couleurs si diverses qu’il était « Un » dans la lumière, « Un » parce que divers, « Un » comme un tableau, une grande mosaïque où chaque petit caillou dans sa nature propre, vernissé ou opaque, de granit ou de verre, était respecté et avait bien sa place. [...] J’ai compris qu’il fallait laisser chacune de ces nuances se dire pour que l’œuvre soit véritable et bien plus qu’harmonieuse. [...]
« Tard je t’ai aimée, Beauté si antique et si nouvelle, tard je t’ai aimée. Et voilà, tu étais dedans et moi dehors et c’est là que je te cherchais, en me ruant, difforme, vers ces belles formes que tu as faites. Tu étais en moi, mais moi, je n’étais pas en toi. » Saint Augustin Les ConfessionsSignifier la beauté, comme Van Gogh peignant un champ de tournesols inondé de soleil, comme Cézanne devant trois pommes ou donnant au bleu, au gris et au violet de chanter l’infini, c’est signifier l’univers et, souvent, au travers même de la souffrance, avec la solitude pour corollaire, dire tout le bonheur et toute la splendeur du monde. L’artiste regarde et chante, il ne transforme pas les choses, il les exalte, les rendant uniques, chacune indestructible parce qu’unique, qu’elle soit pauvre ou riche. Tel est son sacerdoce. Il nous apprend que, dans toute culture, rien n’est infime ou superflu, qu’il faut tout accueillir du réel... et puis tout traverser. [...] Voilà ce qu’exprime toute culture véritable. Cette force du vivant qui fait surgir en chaque homme un désir infini, un désir sacré. « La culture est ce par quoi l’homme, en tant qu’homme, devient davantage homme, "est" davantage, accède davantage à l’"être". C’est là aussi que se fonde la distinction capitale entre ce que l’homme est et ce qu’il a, entre l’être et l’avoir. La culture se situe toujours en relation essentielle et nécessaire à ce qu’est l’homme, tandis que sa relation à ce qu’il a, à son "avoir", est non seulement secondaire mais entièrement relative. » Ainsi s’exprimait Jean-Paul II à l’UNESCO, faisant écho à l’affirmation du Concile : « C’est le propre de la personne humaine de n’accéder vraiment et pleinement à l’humanité que par la culture. » Ainsi, j’ai su que pour éviter les extrémismes et les intégrismes, les racismes et les a priori, il m’était demandé d’avoir un regard intérieur, toujours neuf, comme devant une toile, que la mosaïque humaine, celle des cultures et des mondes, des nations et des races, avec leurs pauvretés et leurs grandeurs, était notre chance. Extraits du texte J’ai fait un rêve d’Olivier Fenoy www.congresbeaute.org