« Ma Dalton » ou l'amour inconditionnel
Un début d’année est toujours une occasion privilégiée de remettre en perspective sa foi chrétienne, ce en quoi l’engagement de Marie Beemans peut nous aider grandement.
Un début d’année est toujours une occasion privilégiée de remettre en perspective sa foi chrétienne, ce en quoi l’engagement de Marie Beemans peut nous aider grandement. Commençons par son surnom fort symbolique : « Ma Dalton ». Qui ne connaît pas les fameux frères Dalton, ces quatre hors-la-loi pourchassés par le célèbre justicier Lucky Luke? Tous sont contre ces pauvres « loosers » de la vie… sauf leur mère Ma Dalton! L’amour inconditionnel représenté ici par la mère. Marie Beemans n’est-elle qu’une autre « originale », somme toute peu représentative de la chrétienne ou du chrétien d’aujourd’hui, ou si elle n’est pas plutôt l’exemple – aussi dans le sens d’exemplaire – de ce qu’est un authentique disciple de Jésus? Comme l’affirme le pape François, la vocation du chrétien et de la chrétienne est d’aller aux frontières et d’y rejoindre les laissés pour compte.
Nous devons constamment remettre notre foi en perspective, car elle a toujours tendance à retrouver le confort des gens corrects, autonomes, bons citoyens, honnêtes – on disait les « purs » dans le temps de Jésus – qui ne nous posent pas trop de problèmes, surtout qui ne nous provoquent pas à nous dépasser, à nous remettre en question, à nous ouvrir à la perspective d’un monde plus compatissant, plus juste, plus solidaire. Le chemin des « bons chrétiens » est plus paisible, plus sécuritaire, mais c’est dans les sentiers inconnus, difficiles, que nous attend Jésus de Nazareth, celui qui a passé sa vie à se solidariser avec les rejetés de la société, les « impurs », manifestant en cela l’amour inconditionnel de son Père.
Ma Dalton a compris que le chemin de Jésus vers les autres est la Voie, la Vérité de ce qu’est une vie « réussie ». Son engagement, dit-elle, a toujours été nourri par l’eucharistie. Sûrement l’eucharistie présentée par l’évangéliste Jean comme le lieu du lavement des pieds, symbole par excellence du service qu’un disciple est appelé à rendre. En consacrant une bonne partie de sa vie à la visite des détenus, hommes et femmes, les plus rejetés, Marie Beemans a poussé les frontières de l’amour à leurs limites. C’est de là qu’elle nous invite à faire un pas dans sa direction, à quitter le confort des sentiers battus pour emboîter le pas de ceux et celles qui vont porter la bonne nouvelle de l’accueil aux personnes réfugiées chez nous, de la solidarité avec ceux et celles qui luttent contre des injustices, de l’affection pour ceux et celles qui en sont privés, de la compassion envers les souffrants de toute catégorie.
Pour plusieurs, il s’agit d’un changement de perspective. Mais c’est LA perspective chrétienne, si on se fie au récit de Jésus du jugement dernier rapporté par l’évangéliste Matthieu au chapitre 25, versets 37 à 40 : « Les justes lui répondront : “Seigneur, quand t'avons-nous vu étranger, et t'avons-nous recueilli; ou nu, et t'avons-nous vêtu? Quand t'avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi?” Et le roi leur répondra : “Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites…” »