12 heures de spiritualité... pour traverser les crises
Le samedi 5 mai dernier, à la chapelle Marie-Guyart de l’Université Laval, à Québec, se tenait la seconde édition des « 12 heures de spiritualité ».
Le samedi 5 mai dernier, à la chapelle Marie-Guyart de l’Université Laval, à Québec, se tenait la seconde édition des « 12 heures de spiritualité ». Version diurne de ce qui était autrefois appelé la « Nuit de spiritualité », elles prennent le relais après 10 ans. Elles rassemblent femmes et hommes de bonne volonté appartenant à diverses traditions spirituelles pour échanger et tenter un dialogue au-delà des frontières confessionnelles.
Les 12 heures (la Nuit) sont nées à l’occasion du Sommet des Amériques de 2001 et se voulaient alors un geste de conscience solidaire pour lancer un message aux puissants de ce monde rassemblés alors à Québec. Les croyants et croyantes de tous horizons voulaient ainsi manifester leur solidarité à l’endroit des oubliés de la terre et démontrer combien les traditions spirituelles pouvaient être sources d’inspiration pour apporter un changement dans la désorganisation de ce monde.
Sous la thématique « 12 heures de spiritualité... pour traverser les crises », l’événement de cette année a rassemblé juifs, baha’is, catholiques, chrétiens réformés, bouddhistes, brahmas kumaris, adventistes, musulmans, athées et humanistes pour partager et échanger ensemble comment les différentes traditions spirituelles qui nous portent nourrissent notre engagement et constituent une ressource pour traverser les crises, individuelles ou collectives, qui sont le lot de notre humanité.
Le démarrage de l’activité a toujours été confié aux Premières Nations qui ont habité cette terre depuis des temps lointains. C’est ainsi que Nanatasis Obomsawin de la nation abénaquise nous a invités à partager la spiritualité de son peuple et nous a guidés dans une salutation aux quatre directions avant que, tour à tour, chacun des groupes, neuf au total, ne nous invite à une expérience de leur tradition. Privilégiant l’expérience au mode magistral de la conférence, les participantes et participants ont été introduits dans l’univers de chacune des traditions et invités à se laisser toucher par l’Autre tel que l’autre le vit. Deux cercles de dialogue complétaient le programme qui fut conclu par une danse au soleil à la fin de la journée.
L’événement fut un succès. Fidèle à sa formule de l’accès libre, les participants se sont succédé tout au long de la journée, certains venant pour une heure ou deux tandis que d’autres s’y engageaient pour toute la journée. Si bien que nous avons pu maintenir une participation constante d’au moins 35 personnes à tout moment de la journée pour une participation globale évaluée à environ 120 personnes. Les années passant, nous réalisons combien l’événement gagne en profondeur. Les échanges qui découlent de chacune des présentations parviennent à dépasser la simple politesse et se veulent de plus en plus respectueux et profonds.
Le dialogue interreligieux en est encore à ses débuts. Il se veut souvent l’apanage de spécialistes. Le défi des 12 heures est précisément d’amener ce dialogue au niveau citoyen, au niveau des gens de la rue que nous sommes et que nous rencontrons au jour le jour. Alors que le religieux n’a plus très bonne presse dans notre société et qu’il suscite souvent une bonne dose d’agressivité, les 12 heures se proposent de relever le défi d’un dialogue non seulement possible mais nécessaire pour construire un monde respectueux de tous et toutes. Et nous y parvenons. Échanger à partir d’univers spirituels souvent radicalement différents n’est pas un exercice quotidien et les discussions revêtent souvent un caractère informatif. Cela est bien et naturel. Avant de prétendre au dialogue en profondeur, n’est-il pas nécessaire de connaître l’autre, de poser les questions pour écouter afin d’entendre et d’accueillir ce qu’il a à dire? Ce n’est qu’à cette condition qu’il est ensuite possible de porter en nous les questionnements et de laisser cours au dialogue intérieur qui seul peut mener plus loin la rencontre et la rendre féconde, une rencontre qui vise la croissance mutuelle et la construction d’un monde meilleur respectueux des différences.
Les organisateurs comme les participants de l’événement se sont montrés très heureux et satisfaits de la rencontre et s’inscrivent dans l’attente impatiente de la prochaine édition... curieux des prochains pas qu’elle les amènera à faire. Bienvenue à tous et toutes! Au plaisir!