Peut-on libérer les opprimés sans sauver la planète?
« Elle est à l’horizon.
« Elle est à l’horizon. Je m’approche de deux pas, elle s’éloigne de deux pas. Je marche dix pas et l’horizon se déplace de dix pas. Malgré mes pas, je ne pourrais pas l’atteindre. Alors, à quoi sert l’utopie? Elle sert à ça : à se mettre en marche. » Eduardo Galeano
Il y a des hommes et des femmes qui, au quotidien, luttent pour avoir un monde où la vie puisse pousser librement et où toutes les personnes puissent avoir une place digne en société. En janvier dernier, deux forums mondiaux ont rassemblé ces militants et militantes1 à Belém, au Brésil. Le premier, le Forum mondial Théologie et libération (FMTL) est un espace œcuménique de dialogue. Il met en relation les différentes théologies qui se réfèrent à ce qu’on désigne couramment sous le terme de « théologie de la libération » ou qui l’influencent. Le FMTL s’oppose à toute vision totalitaire, exclusiviste et réductionniste de l’être humain, du phénomène religieux, des traditions religieuses et des représentations de la transcendance. Pendant ce forum, Leonardo Boff, théologien de la libération et auteur de plusieurs livres sur ce sujet, a rappelé que tous sont appelés à une conversion profonde au niveau écologique : « Nous ne pourrons pas sauver les victimes de l’exclusion et de l’oppression si nous ne sauvons pas la planète, notre maison commune. » Il a invité toute personne à réaliser que nous sommes toutes et tous liés, que chaque être est sacré et qu’il a le droit de vivre. De même, que chacun et chacune a le devoir de garder la création et de la protéger avec amour et compréhension. En même temps, se déroulait le Forum social mondial, un espace de rencontre entre les différentes associations et les divers mouvements de la société civile qui s’opposent aux pratiques du néolibéralisme et à la soumission du monde au capital, c’est-à-dire à tout ce qui fait que les personnes sont soumises aux lois du marché. De nombreux ateliers ont abordé des thèmes comme le féminisme, l’écologie, l’engagement des jeunes, l’économie solidaire, la justice et la paix, les droits de la personne. Participer à une telle expérience ouvre les yeux et allonge les horizons... Cela donne du souffle et nourrit une espérance têtue qui croit qu’un autre monde est possible dans la mesure où chaque personne s’implique à sa façon pour le faire advenir.