Sentiers de FoiVolume 09 - no 126

Le Christ est-il divisé? (1 Co 1, 13)

Anne Bourdon
Ce dimanche après-midi de janvier se tenait à la cathédrale Christ Church de Montréal une célébration œcuménique pour marquer l’ouverture de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (du 18 au 25 janvier).
Ce dimanche après-midi de janvier se tenait à la cathédrale Christ Church de Montréal une célébration œcuménique pour marquer l’ouverture de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (du 18 au 25 janvier). Des représentants de neuf Églises chrétiennes participaient sous l’animation chaleureuse de Norman Lévesque du Centre canadien d’œcuménisme. En communion avec les Premières Nations, la chorale Mohawk de Kahnawake a ouvert la rencontre au son des tambours par une prière aux quatre directions. Plusieurs chorales ont contribué à réchauffer l’atmosphère pour une prière plus cordiale et intériorisée. L’homélie donnée par Mgr Christian Lépine, archevêque de l’Église catholique romaine de Montréal, a rappelé les grandes propositions de foi du christianisme qui sont communes aux Églises. On aurait aimé avoir un aperçu, même sommaire, de l’état des lieux sur les collaborations entre Églises ou des perspectives d’avenir, mais le cadre d’une célébration télédiffusée sur Radio-Canada (Le jour du Seigneur) et sur Radio France 2 ne le favorisait pas. Toutefois, des échanges sur ces questions se sont tenus avant la rencontre et sont disponibles sur l’enregistrement de l’émission. La prière pour l’unité chrétienne est une initiative plutôt récente. « C’est en 1908, aux États-Unis, que cette prière a pris la forme particulière que nous lui connaissons aujourd’hui, celle d’une octave entre le 18 janvier (qui était la fête de la Chaire de Pierre à Rome) et le 25 janvier (fête de la conversion de saint Paul). Son "inventeur" est Paul Wattson, un prêtre épiscopalien qui venait de créer une communauté religieuse franciscaine au sein de l’Église anglicane américaine. « L’unité des chrétiens, telle que Paul Wattson l’envisageait, signifiait en fait l’unité autour du Siège romain. Au milieu des années 1930, alors que la prière pour l’unité entre le 18 et le 25 janvier commençait à se répandre dans l’Église catholique et dans les communautés anglicanes favorables à une union avec Rome, c’est l’abbé Paul Couturier qui, à Lyon, lui a donné un nouvel élan : tout en gardant les mêmes dates, le prêtre lyonnais fait le choix de parler de Semaine de prière, un vocabulaire perçu comme moins catholicisant; et surtout, il lui assigne un nouvel objectif : prier pour l’unité "telle que le Christ la veut, par les moyens qu'Il voudra"1. » Le Groupe des Dombes (abbaye Notre-Dame des Dombes) en Suisse a ouvert des sentiers audacieux et fertiles de rencontres œcuméniques depuis 70 ans… L’abbé Couturier y a été impliqué dès le début avec l’abbé Rémillieux, Victor Carlhian et des pasteurs protestants dont Richard Baümlin2. L’an passé, la réflexion sur l’unité s’enracinait dans la situation des exclus – « les intouchables » – en Inde. « Dans la situation indienne de grande injustice faite aux dalits – auparavant appelés "intouchables" – dans le pays et même dans l'Église, la recherche de l'unité visible ne peut être dissociée de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion. L'expérience des dalits a servi de creuset pour faire émerger les questions posées à nos Églises aujourd'hui face aux exclusions de nos sociétés occidentales et face au scandale de la désunion des chrétiens. La célébration de cette année reflète la jeunesse du Mouvement étudiant chrétien d'Inde. Elle prend en compte la réalité des dalits et offre l'occasion de partager leur spiritualité. Comme les chrétiens en Inde sont appelés à rejeter les séparations des castes, les chrétiens du monde entier ne doivent pas accepter les divisions parmi eux : "Le Christ est-il divisé?" (1 Co 1, 13)3 » Une interpellation qui s’applique bien au Canada dans les rapports aux Premières Nations et aux exclus de la société où les chrétiennes et chrétiens de plusieurs Églises sont très impliqués. Elle s’applique aussi au débat très polarisé et acrimonieux actuel qui entoure la « charte de la laïcité » au Québec. Même dans les Églises, l’acide remplace l’eau dans le vin pour argumenter et le Quebec et le french bashing sont monnaie courante selon ce qu’a vécu dernièrement un pasteur de l’Église presbytérienne (rapporté sur sa page Facebook). N’est-ce pas une attitude évangélique que de s’ouvrir au point de vue de l’autre et de ne pas prétendre posséder la « vérité » tout entière dans son propre point de vue institutionnel ou personnel?

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