Sentiers de FoiVolume 07 - no 04

Un homme au service de la vie

Nelson Tardif
J’ai connu Jean-Paul Saint-Amand au début des années 1990.
J’ai connu Jean-Paul Saint-Amand au début des années 1990. J’habitais Cowansville dans les Cantons de l’Est. Avec d’autres, je voulais créer un groupe du Mouvement des travailleuses et travailleurs chrétiens (MTC), mais je ne savais pas trop comment procéder. Quelqu’un m’a mis sur la piste de Jean-Paul Saint-Amand, que j’ai aussitôt contacté. Celui-ci n’a pas hésité à se proposer pour nous accompagner dans le démarrage du groupe et l’appropriation de la méthode du voir-juger-agir. Les soirs de rencontre, Jean-Paul partait de Saint-Hyacinthe après sa journée de travail, il s’amenait à Cowansville et passait la soirée avec nous. Les premières choses que je retiens de l’homme, c’est sa grande disponibilité et sa générosité. Avec le recul, je me dis aussi que ce qu’il porte intérieurement doit être très fort et signifiant pour qu’il ait ainsi donné sans compter son temps. Par ailleurs, ce qui me frappe chez Jean-Paul, c’est sa fidélité dans ses engagements tant sur le plan social qu’ecclésial. Plus particulièrement, c’est sa fidélité avec ses options de fond – le respect de la dignité de toutes les personnes, la solidarité avec les laissés-pour-compte, le rêve qu’il porte ou qui le porte –, mais tout en restant incarné et lucide sur la réalité. L’homme ne se berce plus d’illusions; il a développé un regard éclairé et critique, mais sans pour autant que cela ne vienne tuer la part du rêve qui le dynamise. Je considère cela d’une grande importance, car comme le disait l’écrivain Albert Camus, « ce sont les rêveurs qui changent le monde. Les autres n’en ont pas le temps ». Une autre chose que je retiens de Jean-Paul, c’est sa résilience et sa capacité de durer dans l’engagement. Par exemple, malgré l’échec d’une coopérative alimentaire dans laquelle il s’est investi pendant dix ans, l’homme n’a pas démissionné et renoncé à ses espoirs et à s’engager pour la transformation du monde, le respect des personnes, la paix et plus de justice. Au contraire, il a développé, avec d’autres, une philosophie de la vie qui s’insère dans l’histoire des luttes sociales, une histoire qui n’a pas commencé avec lui et qui se poursuivra après lui. C’est pour Jean-Paul une source d’espérance transcendant la vie d’une seule personne, et qui fait que nous nous inscrivons dans plus grand que nous. Cela représente une grande chaîne de solidarité dont chaque maillon est essentiel. Pour Jean-Paul, il y a là une source d’espérance qui permet de se projeter dans le long terme. C’est ce qui, entre autres choses, a permis à l’homme de durer dans ses engagements. Peut-être ne verra-t-il pas tous les fruits de ses nombreux engagements, mais il a confiance que d’autres se lèveront après lui et prendront le relais et, à leur tour, porteront le flambeau du rêve d’un monde autre. Le cheminement de vie de Jean-Paul Saint-Amand, qui a commencé par un appel, est nettement inspiré par les enseignements et la pratique de Jésus. Il se situe résolument dans la lignée de l’homme de Nazareth pour qui la vie de chaque être humain vaut plus que tous les trésors. La foi de Jean-Paul s’enracine dans le terreau fertile de la vie au quotidien et dans les actes du militant qu’il est. Il le dit lui-même : « Une foi sans les œuvres est une foi morte. » Le sens de sa vie ne passe évidemment pas par l’accumulation d’objets ou par sa position sociale, mais par « le Souffle de vie qui traverse nos vies et notre histoire ». Cela procède d’un acte de confiance, celui par lequel, grâce à la collaboration de ceux et celles qui s’engagent dans la promotion de la vie, Dieu est toujours actif dans la création pour faire advenir un monde nouveau. L’appel que quelqu’un a osé lui lancer il y a plus de quarante ans revêt une importance fondamentale. Cela marque le point de départ de l’engagement social de Jean-Paul. D’une certaine façon, nous pourrions parler du big bang par lequel tout a commencé. Cela l’a amené progressivement à la JOC où il a découvert la force de cohésion d’un groupe et, surtout, où il a appris à oser. Jean-Paul a assumé le risque, celui de la parole, des gestes et surtout celui d’être.

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