Un pèlerinage tourné vers la quête de sens
Dans l’Église, on connaît les pèlerinages de dévotion qui amènent chaque année des milliers de pèlerins en autobus vers les sanctuaires, et il y a ceux, plus rares au Québec, qui relèvent de la quête de sens.
Dans l’Église, on connaît les pèlerinages de dévotion qui amènent chaque année des milliers de pèlerins en autobus vers les sanctuaires, et il y a ceux, plus rares au Québec, qui relèvent de la quête de sens. Né à la suite des J.M.J. de Toronto, le Pèlerinage-Jeunesse Riki veut permettre aux jeunes de vivre une démarche personnelle et collective de dépouillement, de dépassement, de découverte de soi et de recherche de sens en marchant 100 kilomètres en cinq jours sur les routes du Bas-Saint-Laurent. Le projet rassemble chaque année, depuis 2004, une quinzaine de jeunes âgés entre 15 et 35 ans. Il est une initiative du Centre d’éducation chrétienne (C.E.C.) des Sœurs du Saint-Rosaire et du sanctuaire Sainte-Anne de la Pointe-au-Père. Il est sous la responsabilité de madame Julie-Hélène Roy, animatrice jeunesse au C.E.C. Nous l’avons interviewée pour vous.
Sdf.info – Pourquoi avoir choisi de mettre sur pied un pèlerinage marché?
J.-H. R. – Parce que, selon le témoignage d’une personne qui avait fait la route de Compostelle, la marche quotidienne ouvre un chemin intérieur. Par expérience, je peux vous dire que la route parle selon le besoin de chacun. Elle ne transforme pas du tout au tout, mais elle donne la chance de se découvrir, de rencontrer d’autres personnes, de prendre un temps de recul devant son quotidien et de vivre une spiritualité incarnée. On ne connaît pas la route avec nos têtes; on la vit dans nos corps et dans nos cœurs. Le fait de se lever chaque matin et de recommencer à marcher déclenche quelque chose en nous.
Sdf.info – Quels sont les bienfaits du pèlerinage?
J.-H. R. – Un pèlerinage, c’est une maquette de la vie. La vie est un pèlerinage. La façon dont on vit la démarche nous donne beaucoup d’indices sur la façon dont on mène notre vie. Un pèlerinage, c’est intégral, ça rejoint toutes les dimensions de la personne : physique, social (parce qu’on est en groupe), affectif (parce que ça brasse les émotions quand même), spirituel (mais une spiritualité qui n’est pas imposée ni cérébrale). Ça se passe dehors, et la nature nous parle beaucoup...
Sdf.info – Quels en sont les aspects marquants pour les jeunes?
J.-H. R. – On dort dans des écoles où des personnes bénévoles nous attendent. Leur générosité dans l’accueil marque les jeunes. C’est un aspect très important du pèlerinage... Et il y a les sacs à dos : on passerait complètement à côté de l’expérience si on ne les portait pas. Ça nous amène à ne prendre que l’essentiel. Pendant la marche, on s’aperçoit vite qu’on traîne des choses lourdes et inutiles pour rien. Avec des sacs trop pesants, on n’apprécie pas la route. L’analogie est aussi vraie dans ma vie. Je n’apprécie pas toujours les projets dans lesquels je m’investis parce que mon bagage est trop lourd. Dans mon sac, il y a souvent les attentes des autres, trop lourdes à porter. J’ai donc appris à m’en débarrasser.
Sdf.info – Qu’est-ce qui amène un jeune à choisir de vivre un pèlerinage aujourd’hui?
J.-H. R. – Le fait d’être en marche, en mouvement – pas assis sur une chaise – et le fait qu’il y ait un défi à relever, celui des 100 kilomètres, ça interpelle! Le côté très relationnel et humain attire aussi. En même temps, il y a un espace pour son unicité. La place qu’occupent le silence et le dépouillement dans un pèlerinage est importante. On a des vies tellement encombrées qu’on recherche le silence. La quête spirituelle est très présente chez les jeunes : « Qui suis-je? Où est-ce que j’en suis dans ma vie? Où est-ce que je m’en vais? » Le pèlerinage est une façon non menaçante de répondre à cette quête-là. Une manière douce, intégrale, et qui fait du bien physiquement.
Sdf.info – Pour l’animatrice jeunesse que vous êtes, n’y a-t-il pas de meilleure méthode d’accompagner les jeunes?
J.-H. R. – Cette pédagogie d’accompagnement me fascine. Je peux être moi-même et laisser l’autre être lui-même sur la route. L’humain se révèle au rythme de la marche et, moi, je n’ai pas besoin de me forcer, de penser à ce que je pourrais bien leur dire qui pourrait les rejoindre. J’ai juste à les écouter. C’est la route qui fait tout le travail. Si je pouvais, je serais en pèlerinage toute l’année...
Nous connaissions la route de Compostelle, et nous savons maintenant que sur les routes du Bas-Saint-Laurent aussi des pèlerins de 15 à 35 ans marchent, éprouvent leurs forces, se lancent un défi, cherchent et trouvent. Saviez-vous que, pour les plus de 35 ans, un projet similaire inspiré du Pèlerinage-Jeunesse se vit depuis deux ans, en même temps que celui des jeunes? Il s’agit du Pèlerinage de la Vallée. Comme une invitation à suivre la démarche des jeunes... Bonne route!