Un mariage pas comme les autres
J’aime susciter la vie autour de moi, et ce, avec les gens de toutes croyances.
J’aime susciter la vie autour de moi, et ce, avec les gens de toutes croyances. Dernièrement, un nouveau défi s’est présenté à moi. Un souffle nouveau! Mon beau-frère et sa conjointe désirent célébrer leur amour, mais ne veulent pas se marier à l’Église. Ils souhaitent vivre cependant un évènement spécial dans le cadre d’un mariage civil. Ils m’ont alors demandé de présider leur mariage, sans doute parce qu’ils ont apprécié la célébration de mon propre mariage, il y a trois ans, et aussi en raison de mon ouverture et de mon intérêt pour le dialogue entre les différentes cultures. Ma formation en théologie, enrichie par plus de seize ans d’engagement social, m’a permis de développer des célébrations diverses, inclusives et adaptées aux différentes croyances. Ils ont reconnu chez moi des teintes d’originalité, d’avant-gardisme, de cohérence et de respect des croyances. Sans aucune hésitation, j’ai donc accepté ce défi.
Pour illustrer les résultats de nos discussions, voici quelques jalons que nous avons dégagés pour la célébration du mariage : un temps d’accueil, un temps pour se raconter, un temps pour s’engager et un temps pour se réjouir. À travers ces quatre temps, se faufilent un espace sacré et quelques chants significatifs qui invitent à la réflexion, à l’intériorisation et à la fête. Ces futurs mariés souhaitent vivre la symphonie des pluriels où le rite, la musique et l’intériorité les aideront à trouver un espace de liberté pour vivre une cérémonie signifiante.
Des pistes d’action pour la pratique
Cette expérience m’a permis de dégager quelques constats importants qui pourraient servir à interpeller les pratiques rituelles de l’Église. Par la préparation de leur mariage, ces deux amoureux ont d’abord exprimé le désir de vivre une expérience festive. Ils recherchent un espace sacré où ils pourront signifier leur engagement mutuel devant une communauté. Ensuite, ils désirent vivre une expérience respectueuse des croyances de chacun des convives. Ils souhaitent, enfin, vibrer à une dimension innommable et transcendante qui unisse vie humaine et expérience religieuse. Comment exprimer une telle joie autre que par des mots? Comment faire pour qu’un rite qui paraît sans saveur puisse devenir une expérience communautaire signifiante?
Deux ingrédients semblent nécessaires pour répondre aux aspirations d’un nombre grandissant de gens qui choisissent de vivre une cérémonie différente. Il faut d’abord, comme personne-ressource, pasteur ou officier, savoir écouter et comprendre les aspirations les plus profondes des couples qui frappent à la porte. Il s’agit d’adopter une attitude d’écoute qui favorise l’éclosion de la vie sous toutes ses formes. Pour ce faire, il faut avoir choisi personnellement ce type de dialogue, une forme d’engagement qui exige de l’audace, de la créativité, de l’altruisme, de l’assurance, de la liberté et surtout de l’amour de soi et des autres. Sans ces éléments essentiels, toute entreprise de dialogue risque de sonner faux, de friser l’arnaque, provoquant ainsi la méfiance chez ces futurs mariés.
Ces couples « nouveau genre » ne trouvent pas de réponses adéquates à leurs aspirations dans l’Église. Pour eux, les rites religieux sont souvent incompréhensibles, dépassés et ennuyants. Ne pourrait-elle pas offrir une approche festive et sacrée plus adaptée dans les moments forts de la vie des gens d’aujourd’hui?
Cette demande m’a permis de vivre un vieux rêve, soit de mettre mes talents et mon expérience au service des gens qui ont soif d’intériorité et qui souhaitent l’expérimenter sur des terrains nouveaux. Alors que je m’attendais depuis longtemps à rendre ce genre de service aux communautés chrétiennes, ce sont des gens du « dehors » qui expriment le besoin de faire appel à mes services. Désolant, certes! Cependant, je crois que l’expérience spirituelle est constituée d’une multitude de voies qui débouchent sur la vie et sur lesquelles je me sens à l’aise de naviguer.